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Actualité


William Christie présente Dido and Aeneas, le spectacle événement de ce début d'année

2 janvier 2023

William Christie, Blanca Li et les artistes des Arts Florissants commencent aujourd'hui les répétitions pour cette nouvelle production de l'opéra de Purcell. Rendez-vous aux Teatros del Canal de Madrid pour la découvrir, à partir du 17 janvier !

" S’il existe une œuvre emblématique de Purcell, c’est bien Dido and Aeneas. Ce « mini opéra », dont on ne sait pas s’il est inachevé, est certainement l’œuvre la plus connue de tout son répertoire – la preuve en est que depuis des années, elle n’a cessé de figurer à l’affiche de théâtres du monde entier. Je ne connais pas d’autre musique qui, en si peu de temps, parvienne à créer une atmosphère aussi dramatique et extraordinairement vivante. La fin, notamment, figure parmi les plus airs baroques les plus célèbres ; mais surtout, elle est universelle.
Sur un plan purement personnel, c’est une œuvre qui m’accompagne depuis 60 ans, voire plus. Je l’ai rencontrée très tôt dans ma carrière : aux États-Unis et plus spécifiquement à New York, près de là où j’ai grandi, il n’était pas rare de la voir en représentation ou en concert. Plus tard, j’ai été amené à la diriger à de nombreuses reprises. On ne peut pas se séparer d’une œuvre comme Dido and Aeneas. Comme les Variations Goldberg pour un claveciniste, ou les sonates de Beethoven pour un pianiste, c’est un chef-d’œuvre qui demande à être aimé et qui se prête tout au long d’une carrière à être redonné, re-réfléchi, ré-digéré.
Musicalement parlant, est ce que les choses ont évolué ? Bien sûr. Le monde culturel a énormément changé. Autrefois, l’on pouvait trouver de grandes productions de Dido portées par un chœur et un orchestre fourni ; aujourd’hui, cela est plutôt rare. Mais cela n’empêche pas cette œuvre de montrer sa force, bien au contraire. Depuis de nombreuses années, je me suis tourné vers des versions qu’on pourrait dire réduites, mais qui ne sont pas du tout pauvres. Le génie porté par les chanteurs, notamment pour les rôles de Didon, Belinda et la grande sorcière, reste extraordinairement théâtral et dramatique, placé dans un écrin plus intime.
C’est une habitude pour moi que de travailler avec énormément d’artistes différents, souvent même parfaitement inconnus. Tous les deux ans en effet, je rencontre de jeunes chanteurs en début de carrière, afin qu’ils intègrent nos productions et nos tournées sur de longues périodes : ce sont les lauréats du Jardin des Voix, l’académie que j’ai créée avec mon ensemble Les Arts Florissants. Ces voix nouvelles, en quelque sorte, cohabitent avec celles que je connais de plus longue date. Dans cette nouvelle production, nous avons par exemple Kathryn Lindsey, une merveilleuse artiste avec qui j’ai travaillé notamment à Salzburg, qui chantera le rôle de Dido en alternance avec deux jeunes chanteuses issues du Jardin des Voix, Helen Charleston et Lea Desandre, aux côtés de Renato Dolcini, lui aussi un ancien lauréat de mon académie et qui incarnera non seulement le rôle d’Enée, mais aussi celui de la Grande Sorcière.
Rapprocher ces deux rôles est un parti pris tout à fait original. Quoi de plus éloigné en apparence, qu’un amant dévoué et un être maléfique ? Pourtant, l’une est peut-être l’alter-ego de l’autre : la sorcière, en empêchant Enée de rester aux côtés de Didon, le pousse à réaliser son destin, à savoir fonder Rome. Tous deux ont en quelque sorte une fonction commune, dramatiquement parlant, puisqu’ils viennent contrarier le désir de Didon. Existe-t-il un précédent historique au fait de faire chanter ces deux rôles par la même personne ? Rien n'est moins sûr ; mais sur le plan dramaturgique, cette proposition à première vue provocante est tout à fait pertinente, et même très intéressante.
Quant au chœur et au petit orchestre, ils réuniront également de fidèles membres des Arts Florissants, avec qui je suis lié par des années d’amitié – mais surtout, par une esthétique et une manière commune d’envisager l’interprétation musicale.
Chaque fois que je reprends cet opéra, j’attends de la part du metteur en scène une vision, une nouvelle conception visuelle et dramatique. Qu’il s’agisse de Pierre Barrat, il y a près de 40 ans, de Deborah Warner ou maintenant de Blanca Li, je recherche toujours l’assurance que l’amour, l’engouement et le respect pour cette œuvre seront partagés entre nous.
Ce n’est pas la première fois que je travaille avec un ou une chorégraphe : c’est une chose que j’aime. Mais le faire avec quelqu’un d’envergure comme Blanca Li, j’attends cela avec impatience. Car la musique baroque ne concerne pas que l’ouïe, elle est aussi particulièrement visuelle et dramatique et peut fournir l’occasion d’une merveilleuse collaboration entre tous les arts. Je suis curieux de voir comment Blanca va meubler cet opéra ; mais surtout, par le travail dramaturgique et l’intensité émotionnelle qui en découlera, je suis convaincu que cette nouvelle production sera un grand évènement. "

William Christie

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