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Un jardin riche d’histoire(s)

 
 

L’aventure du jardin de William Christie débute en 1985, lorsque le chef d’orchestre acquiert à Thiré un ancien logis vendéen, flanqué de quelques parcelles de terre. Jusqu’alors, aucun jardin n’avait encore été imaginé sur cette ancienne exploitation agricole. Or c’est précisément ce que recherche le nouvel arrivant : un terrain comme une page blanche, où réaliser le jardin qu’il porte en rêve.

 

“C'est un jardin d'artiste. Fantaisiste, truffé de licences poétiques; il représente tous les rêves que j'ai pu faire depuis que j'ai 12 ans. (...) Lorsque je pense à ce jardin, je pense à la musique que j'aime."
(William Christie, The Sunday Times)

Un rêve d’architecture végétale

Dès son arrivée à Thiré, William Christie a déjà quelques idées bien précises sur les jardins qu’il souhaite créer. Des idées mûries en pensée depuis des années et exprimées sur de nombreux croquis :

« Je savais ce que je voulais, et ce que je ne voulais pas. Je n’avais par exemple aucune envie de me lancer dans un jardin à l’anglaise. Ce qui me fascinait avant tout, c’était la manière dont la main de l’homme pouvait structurer, sublimer quelque chose de purement végétal. Je voulais un jardin formel, organisé, avec tout ce que cela implique : la taille, l’art topiaire… En un mot : une architecture verte façonnée par la main de l’homme. »

Féru d’architecture, William Christie accorde à cette dimension un rôle clef dans la création du jardin. Car si le terrain est sans histoire, il n’en va pas de même pour le logis du Bâtiment qui va devenir la contrainte première – mais aussi l’inspiration – pour le tracé des aménagements extérieurs. Voilà que l’architecture de pierres indique la voie à l’architecture de verdure : elle en définit les grands axes. C’est ainsi que nait l’idée d’un premier espace dans l’axe de l’entrée principale (la Cour d’Honneur), d’une terrasse au niveau de la porte sur la façade opposée, d’un prolongement extérieur de la Galerie rouge (le Jardin rouge)… Comme dans une maison, William Christie imagine son jardin telle une succession de pièces végétales venant étendre, à l’extérieur, les pièces intérieures du Bâtiment.

Une création évolutive… et de longue haleine

Mettre en œuvre un tel projet n’est pas une mince affaire. William Christie fait alors appel à une paysagiste, Sophie Matringe, afin qu’elle l’aide à réaliser ses idées pour les premiers aménagements du jardin :

« Quand je lui ai parlé de mes idées, elle m’a dit : « Vous vous rendez compte de la vie que vous êtes en train de vous imaginer ? c’est vous condamner à une condition d’esclave, à moins d’y mettre beaucoup d’argent. Je veux bien prendre vos idées, vos croquis et les organiser, mais il faut que vous soyez sûr d’avoir envie de vivre ça. » Et j’ai dit oui. »

Premiers espaces : autour de la maison (1985-1990)

Les premiers espaces à être réalisés sont ceux qui jouxtent la maison : la Cour d’honneur et la Pergola, la Terrasse et les Parterres, puis le Cloître et le Théâtre de Verdure. Sophie Matringe y donne vie aux croquis de William Christie en plantant les éléments aujourd’hui emblématiques du jardin : du buis, des parterres de broderie, des mailles de tilleul… le tout organisé dans un savant jeu de symétries.

Etendre le jardin (1990-2010)

Mais le jardin ne s’arrête pas là : son architecture est par principe évolutive. Au-delà du premier terrain acheté avec la maison, William Christie acquiert progressivement les parcelles alentour, afin d’étendre la superficie du domaine. Pendant près de 20 ans, au fur et à mesure de ces extensions, il imagine chaque fois de nouvelles « pièces » pour son jardin.

Les années 1990 voient ainsi de nombreux travaux d’envergure : l’implantation du Pigeonnier, la création du Cloître et du Théâtre de Verdure… Sous la conduite de la jardinière en chef Mary de la Rue, un important travail de plantation et de recherche est mené pour créer de nouvelles ambiances florales et végétales, avec le concours de spécialistes tels que la paysagiste britannique Mary Keane ou le pépiniériste André Eve.

Un nouvel achat de terrain permet à William Christie, dans les années 2000, de créer un potager et un verger aux dimensions imposantes. Il procède également à l’aménagement de l’une des « pièces » les plus spectaculaires du jardin : le Miroir d’eau.

L’ouverture au public (2012)

En 2012, le jardin a atteint les dimensions que nous lui connaissons aujourd’hui. William Christie envisage alors de l’ouvrir au plus grand nombre, et de lui donner toute sa pleine mesure en y réalisant le rêve de toute une vie : allier musique et jardin, ses deux grandes passions. Le festival Dans les Jardins de William Christie voit ainsi le jour, 27 ans après le début des travaux au jardin.

« Depuis toujours, j’avais le rêve de créer un jardin qui soit aussi un lieu de musique. »

Un rêve devenu réalité !

Dates clef

1985 : William Christie acquiert à Thiré, en Vendée, une propriété comprenant une bâtisse (le Bâtiment) entourée de 4 hectares de terrain. Début des travaux.

2004 : le jardin de William Christie est reconnu « Jardin remarquable »

2006 : Inscription du jardin de William Christie à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques

2012 : Ouverture du jardin au public

2012 : Première édition du festival Dans les Jardins de William Christie

2017 : William Christie donne ses jardins à la Fondation reconnue d’utilité publique Les Arts Florissants - William Christie, labellisée Centre Culturel de Rencontre