Festival Jardins William Christie 2022 5928 Julien Gazeau

Concert


Jephte


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Jephte


Ensemble

Ensemble Les Arts Florissants

Direction musicale et ténor

Paul AGNEW


Distribution

Lauren LODGE CAMPBELL, soprano
Natasha SCHNUR, soprano
Clémence VIDAL, mezzo-soprano
Mathilde ORTSCHEIDT, contralto
Edward GRINT, basse


Programme

 

"Une déploration qu’on voudrait ne jamais voir s’interrompre et où le soprano bouleversant de Lauren Lodge Campbell (Jardin des Voix 2019) isolé dans un faisceau de lumière se détache d’un ensemble vocal que l’on quitte à regret." Res Musica 

Paul Agnew et Les Arts Florissants proposent une nouvelle lecture de Jephte, dans ce programme de concert qui met en regard l'oratorio de Giacomo Carissimi et les oeuvres de ses contemporains Monteverdi et Rossi...

Des oratoires aux oratorios

Parmi les actes les plus marquants de la Contre-Réforme, saint Philippe de Néri (1515- 1595) avait obtenu de Grégoire XIII l’institution de la Congregazione dell’Oratorio. Dans ses oratoires, nouveaux édifices attenant à diverses églises, les laïcs pouvaient s’adonner à des exercices spirituels, consistant en des lectures et des chants. Des concerts et des spectacles édifiants pouvaient également leur être offerts. Dès les années 1620, des compositions alternant dialogues en style récitatif et chœurs madrigalesques étaient exécutées chaque vendredi de carême et durant toute la semaine sainte dans les oratoires : ces Dialoghi et Historiae sacrae seront bientôt dénommées « oratorios ».

Giacomo Carissimi (1605-1674) a produit dix-sept de ces « histoires sacrées », dont les premiers chefs-d’œuvre du genre Jephté, Baltazar et Jonas. La formation initiale de ce musicien originaire du Latium demeure auréolée de mystère. On trouve sa trace à Tivoli, à partir de 1623, où il est chantre puis organiste à la chapelle du Dôme. En 1628 et 1629, il occupe le poste de maître de chapelle de l’église San Ruffino à Assise. Il s’installe en 1630 à Rome, où il obtient la charge de maître de chapelle de l’église Sant’Apollinario, dépendante du Collegium Germanicum et Hungaricum, l’une des principales institutions jésuites de la cité. Il devient un pédagogue renommé. Nombreux sont les compositeurs de premier plan qui se sont réclamés ses disciples : Johann Caspar von Kerll, Christoph Bernhard et Johann-Philipp Krieger ont été élèves du Collegium Germanicum, et peut-être aussi (mais le fait demeure discuté) Marc-Antoine Charpentier. La renommée de Carissimi fut des plus durables : en 1715, Bourdelot le nomme encore « le plus grand musicien que l’Italie a produit ».

L’histoire de Jephté

Jephté, dont la date de création n’est pas connue, est sans conteste la plus fameuse des compositions de Carissimi. Elle est surtout la plus révélatrice de son style, mêlant apparente simplicité, intense expressivité et efficacité dramaturgique. Cette « histoire sacrée », à la fois concise, édifiante et bouleversante, adopte une construction très différente des oratorios ultérieurs. Le discours musical et poétique est organisé en plusieurs épisodes, consistant en une succession de récits, confiés à des solistes ou à des petits ensembles, ponctués d’interventions chorales. Celles-ci sont le plus souvent élaborées à six voix, à la manière d’un vaste double chœur, où les trois voix de sopranos seraient opposées aux trois voix graves (alto, ténor et basse).

L’histoire s’organise en quatre tableaux : le vœu de Jephté et la bataille contre les Ammonites (lieu d’une musique spectaculaire), le cantique de réjouissance de la Filia et de ses suivantes (unique apparition d’une aria festive dans cette œuvre dominée par le style récitatif), le dialogue éminemment dramatique de Jephté et de sa fille (lieu du théâtre), et la grande déploration finale (lamento de résignation à sa mort de la Filia, auréolé d’échos plaintifs à deux sopranos, suivi de son amplification par le sublime chœur conclusif). Carissimi exploite ici toutes les ressources de la rhétorique musicale baroque, usant de figures caractéristiques aux connotations expressives manifestes. Le chœur final (« Plorate »), où les enfants d’Israël sont appelés à pleurer le sacrifice de la jeune fille, en est le meilleur exemple, avec ses répétitions obsédantes de figures mélodiques descendantes, son chromatisme douloureux et son harmonie emplie de dissonances suaves et poignantes.

(Texte de Denis Morrier, reproduit avec l’aimable autorisation de la Cité de la musique-Philharmonie de Paris) 

Dates passées

Saison 2023-24

New York / Etats-Unis
Morgan Library

  • mardi 13 février 2024, 19h30

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