Cyril Auvity P Matsas

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Bientôt L'Orfeo : interview avec le ténor Cyril Auvity
 

3 février 2017

Pour sa nouvelle production de L’Orfeo de Monteverdi, Paul Agnew a confié le rôle-titre au ténor français Cyril Auvity. Collaborateur fidèle des Arts Florissants, le chanteur nous livre ses premières impressions, à la sortie de la toute première séance de travail avec l’équipe du spectacle.

Quel était le but de cette première séance de travail ?

C’était la première fois que nous nous retrouvions pour travailler ensemble sur l’œuvre. Quand on travaille sur un opéra, d’ordinaire les choses se font en deux temps, d’abord la musique, puis la mise en scène. Mais là, comme Paul dirige ces deux aspects à la fois, nous n’avons pas parlé que de musique mais aussi des intentions des personnages, de sa vision d’ensemble sur l’opéra. S’y prendre autant en avance*, c’est aussi une manière de se donner le temps de laisser le projet mûrir en soi. Ce travail se fait presque malgré soi, mais il permettra d’être bien mieux prêts quand commenceront les répétitions. C’est aussi ça, l’esprit Arts Flo : on prend le temps, pour ne pas se contenter d’un bon travail, mais aller un peu au-delà, trouver quelque chose en plus qui fera la différence.

Justement, pour vous, qu’est-ce que l’esprit Arts Flo ?

En ce qui me concerne, cet esprit réside dans l’idée que dans chaque projet, chaque œuvre, chaque rôle, il y a toujours quelque chose de neuf à découvrir et à apprendre. William Christie comme Paul Agnew sont des personnes qui aiment partager leur savoir : si on est tous dans cet état d’esprit, le travail prend un aspect très ludique, il peut aller très vite et être très enthousiasmant. Il n’y a pas qu’une voie à suivre, on est encouragés à essayer des pistes, quitte à se tromper. 

A quoi cela ressemble-t-il, de travailler avec Paul Agnew ?

La vraie différence se situe au niveau de la confiance qu’il m’accorde et que je peux moi aussi avoir en lui. Nous nous connaissons depuis longtemps déjà, et nous menons un dialogue à bâtons rompus où l’échange est toujours possible. Paul est quelqu’un qui choisit ses chanteurs et ses musiciens en vue de créer une émulation entre les membres de l’ensemble – ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres chefs. Cela crée un grand sentiment de confiance entre nous et avec lui : on peut proposer des choses, le terrain est ouvert ; propice au travail, exigeant, mais ouvert.

Quelles sont vos premières impressions sur cette nouvelle production ?

L’esprit de troupe y sera très fort, et jouera un rôle important. Dans la conception de ce projet-là, où nous allons devoir répéter un opéra en à peine deux semaines, c’est une donnée nécessaire si on veut que l’alchimie opère.

Comment appréhendez-vous cette prise de rôle ?

J’ai l’impression de vivre un moment important de ma vie de chanteur. C’est la première fois que je chante ce rôle ; même si j’ai déjà chanté différents rôles de cet opéra, je ne m’attendais pas à interpréter si tôt celui d’Orfeo, mais cela a du sens avec l’idée que Paul Agnew a du personnage et ce qu’il veut en faire. Par ailleurs, depuis des années je chante dans beaucoup d’autres œuvres qui touchent au mythe d’Orphée, que ce soit chez Rameau, Charpentier… quelque chose me touche dans ce personnage. Chez Monteverdi, le rôle demande un grand investissement physique, intellectuel et dramatique : si on aime la scène, le panel des émotions proposées est vraiment riche. Sans parler de la partition, qui est d’une beauté évidente, avec des airs incroyables… un vrai cadeau ! Et de le faire dans ce contexte – mon âge correspond, ma voix correspond, c’est avec des gens que je connais et que j’apprécie – cela revient presque à un alignement des planètes. C’est une chance exceptionnelle, et rare !

 

*Interview réalisée le 25 novembre 2016 

 

 

 

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